Basile a la tête dans les cartons. Il vient de recevoir une commande de livres pour sa boutique. Assis derrière son comptoir, à l'entrée de sa réserve, il les classe par genre, par auteur.

- Diana ma reine, je t'aime beaucoup mais je suis désolé, tu ne peux pas rester là.

Qu'il murmure au chat qui vient se s'installer confortablement dans l'un des cartons encore plein. Il la pose à côté de lui et elle s'en va dignement, faisant balancer sa longue queue grise.

Basile reprend son tri. Les polars avec les polars, la fantasy avec la fantasy, les pièces de théâtre avec les pièces de théâtre. Et parfois, il met certains livres de côté. Une petite pile pour certains de ses clients. Ceux qu'il connait bien, qu'il commence à connaitre. Il passe parfois des commandes juste pour eux, pour leur faire découvrir quelques perles rares qu'il aime particulièrement.

Il est en train de sauter sur un carton pour l'aplatir et le jeter quand la porte s'ouvre. Basile sourit doucement.

- Bonjour monsieur Lee.

Il délaisse son carton et s'approche du comptoir.

Un sourire timide dans la voix. Azur-Joo l'intimide. Il aime beaucoup ce qu'il chante, alors, il ne sait jamais vraiment trop comment le regarder. Il n'ose même pas vraiment, se cache un peu derrière ses cheveux.

- Vous tombez bien, j'ai justement reçu quelque chose qui pourrait vous intéresser

IL y a des gens qui brillent et attirent tous les regards.

Basile n'a jamais été de ceux-là. Autrefois fine flammèche, aujourd'hui cendres froides, jamais il n'a brillé comme brille Azur. On en vient presque à se demander si les lunettes de soleil sur son nez ne servent pas à tenter de diminuer son éclat.

Azur sourit et Basile est ébloui.
Il doit savoir, il sait forcément ce que son aura provoque chez le pauvre libraire. Et il en joue, évidemment.

Et les phrases se déroulent. Un rougissement balaye les pommettes du pauvres Basile qui se cache derrière son comptoir pour sortir la pile de livres qu'il a mises de côté.

- J-J'ai trouvé quelques recueils en effet. Je me suis permis de prendre quelques libertés.

Il pose devant lui un livre très fin, épuré.

- J'avais lu celui-là quand j'habitais encore à Londres. Ce sont des haïkus. Des poèmes japonais, j'ignore si le concept vous est familier. Je les trouve très beaux, je me suis dit que cela pourrait vous plaire.

Probablement la plus longue tirade qu'il ait jamais prononcé devant Azur. L'amour qu'il a des livres y vibre doucement tout comme la crainte de se faire envoyer balader par la diva qu'il a en face de lui.

- M-Mais si vous préférez, j'ai aussi renouvelé ma sélection de classiques de la poésie française.

Qu'il bredouille, pour combler un silence qui lui parait trop long.