Septembre 1969

Millden fête sa première année de liberté depuis la fin de la quarantaine. La mairie s'était attendue à jouir du tourisme habituel pour restaurer les infrastructures vieillissantes mais c'était sans compter l'inquiétude dévorante qui a grippé la gorge des habitants et de toutes les âmes curieuses qui venaient vagabonder jusqu'ici. Un bon nombre de résidents ont plié bagages, bien décidé à faire de cette maudite ville un mauvais souvenir. Les plus riches sont partis en voyage, n'en pouvant plus d'errer dans les mêmes quartiers et de voir les mêmes collines rocheuses à perte de vue. D'autres se coincent ici, déterminés à l'idée d'accueillir de nouveaux voyageurs ou que les choses se règleront d'elles-mêmes. Parmi eux, les forains qui s'étaient malheureusement installés quelques semaines avant le début de l'épidémie ont quasi élu domicile dans le sud de la ville. L'odeur du sucre écoeure, les clowns ne font plus rire et les couleurs des petites attractions ont été ternies par le sable roux.
De l'autre côté, les super-héros ne sont ni super, ni des héros, pas plus que leurs auto-proclamés antagonistes. On les retrouve dans les mêmes pubs, avec les mêmes conversations dans la bouche que tous les autres résidents - quand reviendront les heures de gloire de Millden ? Le calme devient pesant mais une chose est certaine ; la vie revient tout doucement, l'été touche à sa fin. C'est un nouveau cycle qui commence. En silence, la ville espère qu'une nouvelle porte se fera salvatrice comme par le passé mais depuis la quarantaine, la crainte d'un nouveau drame pousse les habitants vers le doute.